Enjeux et perspectives
La Direction expose ici les principaux enjeux auxquels la HETSL doit faire face, et notamment une pénurie de professionnel·le·s formé·e·s en travail social et en santé.
La Direction se reconnaît pleinement dans le mandat que lui a confié en 2022 le Conseil de fondation et qui est explicité en préambule du présent rapport annuel. Renforcée par une nouvelle gouvernance mise en œuvre en 2021, la HETSL se réjouit d’avoir pu mener ses missions dans de bonnes conditions en 2022, et ce malgré plusieurs facteurs exogènes qui ont fortement impacté son activité :
Pandémie de COVID-19
Dès mars 2020, le COVID-19 avait obligé la HETSL à revoir radicalement son fonctionnement afin de permettre aux étudiant·e·s de poursuivre leur cursus de formation à distance dans les meilleures conditions possibles, en garantissant la protection de la santé de l’ensemble de la communauté. Ce n’est qu’à la rentrée académique de septembre 2021 que le présentiel a repris ses droits, avec toutefois l’obligation de disposer d’un certificat COVID. La mesure, qui avait été accompagnée par une proposition de tous les enseignements en comodal, exception faite pour certains ateliers pratiques, a pu être abandonnée au début de l’année 2022, avec le retour à une vie normale sur les bancs de l’école.
Départ de la filière Ergothérapie
Le transfert de la filière, imposée à la HETSL, nécessite depuis le début des travaux en 2020, une mise à disposition conséquente de ressources de projet du côté de la HETSL. Ce qui conjointement avec HESAV a été nommé le projet « Symbiose » se décline en effet par un nombre important de Groupes de travail, à la fois académiques, financiers et administratifs qui mobilisent le personnel de la HETSL à tous les étages. Jusque-là, les coûts de cet investissement, nécessaire pour garantir à nos collègues ergothérapeutes un transfert dans les meilleures conditions, ont été solidairement portés par la HETSL. Cette situation nécessite un rééquilibrage pour qu’elle ne grève pas le développement de notre Haute école. L’engagement du canton est d’autant plus nécessaire que d’importants coûts sont à prévoir à l’avenir, que la HETSL ne saura assumer (notamment en vue de la probable liquidation partielle de la caisse de pension de la HETSL et des mesures transitoires à financer).
Pénurie de personnel qualifié et « Nouvelles Orientations »
La HETSL s’engage fortement à l’échelle cantonale pour répondre aux difficultés de recrutement des institutions, en particulier dans les établissements socio-éducatifs, dans le domaine de la protection de l’enfance et dans des institutions en lien avec la crise migratoire où des équipes en sous-effectifs doivent gérer un nombre croissant de bénéficiaires de plus en plus vulnérables. À cela s’ajoute que dans le canton de Vaud, les conditions d’emploi, moins favorables que dans les cantons voisins, entraînent un fort turnover du personnel qualifié, voire un abandon des métiers du social. Dans ce contexte, des « Assises du social » sont prévues d’ici l’automne 2023 pour établir un état des lieux de ces problématiques, en collaboration avec les partenaires sociaux et les Directions générales concernées (Cohésion sociale, Enfance et Jeunesse, Enseignement supérieur). Un important travail de sensibilisation est ainsi en cours sur sol vaudois, en étroite concertation avec les autres Hautes écoles vaudoises confrontées à des situations de pénuries. Au niveau du Domaine Travail social de la HES-SO, une enquête a été lancée pour mieux identifier les champs d’activité et le type d’institutions du secteur social touchés par la pénurie ; cette enquête est complétée dans le canton de Vaud par un projet piloté par la DGCS, « Analyse prospective des besoins en personnel dans le domaine social – ProsPer ».
Dans ce cadre, le Conseil de fondation a défini quatre axes de développement de la Haute école, une feuille de route qui sera opérationnalisée en 2023 et 2024 sous le titre de « Nouvelles orientations » avec les objectifs suivants :
Enseignement : une offensive de qualification tout au long de la vie
- Réformer ou abroger le processus de régulation et augmenter les quotas d’admission ;
- Augmenter la flexibilisation des cursus en formation initiale et continue et développer la perméabilité des cursus ;
- Différencier l’offre des thématiques et compétences enseignées dans la formation initiale et continue, avec une augmentation possible de l’activité de cette dernière.
Recherche et prestations de service : des domaines d’expertise au cœur de la société
- Proposer de nouvelles prestations pour les professionnel·le·s, les équipes et les institutions.
Dans l’immédiat, et pour pallier les situations les plus urgentes, la HETSL prévoit une progression du quota à l’admission de 20 étudiant·e·s en Travail social en 2024 et étudie la possibilité d’une augmentation de 20 étudiant·e·s supplémentaires par année académique d’ici 2026, pour autant qu’une augmentation budgétaire correspondante soit accordée par le canton. Le nombre d’étudiant·e·s en Ergothérapie a quant à lui déjà progressé. Pour les deux filières, des efforts sont actuellement entrepris conjointement avec nos partenaires pour augmenter le nombre de places en formation pratique. En même temps, des travaux ont démarré pour rendre nos cursus en formation initiale et continue plus flexibles et perméables, permettant d’accueillir un plus grand nombre de personnes ayant des parcours atypiques, en lien avec les besoins du marché du travail, et en étroite collaboration avec le Rectorat et le domaine Travail social de la HES-SO. Ces travaux sont accompagnés par une réflexion sur les possibilités d’utilisation des locaux d’enseignement au sein de la HETSL déjà fortement sous tension.
Montée en puissance des ES
Au vu de l’évolution sociétale, avec un accroissement des besoins sociaux, d’autres acteurs de la formation tertiaire se positionnent, et notamment les Écoles supérieures (ES), avec des stratégies concurrentielles parfois offensives envers les HES. Ainsi, ESSIL et ESEDE ont décidé d’ouvrir en 2023 une filière d’animatrice et animateur communautaire, nouvelle filière d’étude qui n’existait pas à ce jour en Suisse romande. La HETSL saisit cette situation comme une opportunité pour revoir son positionnement envers les ES et s’engage notamment, avec l’ARPIH d’Yverdon, à créer et compléter l’offre de formation existante avec une approche plurielle et intégrée, ainsi qu’à améliorer les passerelles entre les différentes voies d'apprentissage.
En guise de conclusion à cette partie prospective, la HETSL réitère sa volonté d’ancrer davantage son action au cœur d’une société marquée par une crise sans précédent. Les métiers du travail social et de la santé ont un rôle majeur à jouer dans cette période. Et il y a fort à parier que les politiques publiques devront se réformer pour faire face aux effets à moyen et long terme de cette période de pandémie. Des problèmes sociaux inédits vont apparaître, avec une nécessaire adaptation des interventions publiques et professionnelles.
Au nom de la direction,
Alessandro Pelizzari
Directeur