Enjeux et perspectives
La Direction expose ici les principaux enjeux auxquels la HETSL doit faire face, et notamment une pénurie de professionnel·le·s formé·e·s en travail social et en santé.
Aujourd’hui la HETSL est une Haute école reconnue dans les milieux professionnels et académiques. Avec des valeurs fortes, une culture profondément participative, le renouveau de son Conseil de fondation et un Conseil professionnel qui réunit des personnalités des domaines du social et de la santé, la HETSL dispose d’importants atouts pour mener des projets ambitieux.
Pour identifier les tendances globales, les points d’attention et les pistes d’action de la période actuelle, qu’il s’agit de définir pour la HETSL comme une période transitoire charnière, le présent chapitre s’appuie sur le plan de développement 2025-2028 transmis en décembre 2023 à la DGES. Il intègre également les éléments dégagés aux Assises du social, un événement organisé à la HETSL le 24 novembre 2023. Portées par la Commission paritaire professionnelle qui regroupe des représentantes et représentants des employeurs et des employé·es, les Assises ont constaté la pénurie de personnel qualifié dans le domaine du travail social et travaillé deux axes prioritaires : la revalorisation des salaires et des emplois ainsi que l'amélioration de l'accès à la formation des professionnelles et professionnels. Cet événement a confirmé que la HETSL s’intègre dans un écosystème particulier qui non seulement se trouve dans une situation pénurique, mais doit aussi affronter des défis majeurs.
Forte de ces constats, la HETSL a réuni fin janvier 2024 les membres de son Conseil de fondation, de son Conseil professionnel et de son Collège des responsables académiques pour poursuivre la réflexion. Les résultats de ce riche moment d’échange ont aussi été intégrés à l’analyse.
Trois enjeux majeurs
La période 2025-2028 sera marquée par plusieurs éléments structurants pour les activités de la HETSL :
- Le départ de la filière Ergothérapie (ER) pour rejoindre le Campus Santé de HESAV à l’horizon annoncé de la rentrée académique 2026 oblige notre Haute école à repenser son fonctionnement et son activité. L’important travail d’accompagnement de ce transfert mobilise des ressources conséquentes impliquant des arbitrages délicats pour assurer en même temps le développement nécessaire de la filière Travail social (TS) ;
- Les domaines du travail social et de la santé représentent un potentiel de croissance certain dans la mesure où les milieux professionnels se mobilisent actuellement pour faire face à des pénuries de personnel qualifié. La HETSL est sollicitée pour augmenter le nombre de ses diplômé·es et mieux répondre aux besoins du marché. Les deux filières sont soumises à une régulation par quotas qui ne répond aujourd’hui pas suffisamment à la demande. Un des enjeux sera d’augmenter les effectifs estudiantins, ce qui entraînera aussi une augmentation du nombre de places de stage nécessaire. Il s’agira de questionner les mécanismes de régulation et les règles d’admission des deux filières, dans un contexte où les augmentations budgétaires ne sont de loin pas acquises ;
- L’évolution rapide des problèmes sociaux et de santé a mis à jour la nécessité de renforcer l’expertise scientifique de la HETSL. En collaboration étroite avec ses partenaires, elle est appelée à consolider à l’interne ses champs de compétences et les rend plus visibles vers l’extérieur, afin d’être davantage en mesure de proposer aux actrices et acteurs de terrain des prestations de service de qualité et de mettre à disposition des politiques sociales et des pratiques professionnelles les résultats de ses recherches scientifiques.
Une réponse concertée
La mise en œuvre de la décision du Conseil d’État de regrouper toutes les filières de la santé au sein du Campus santé de HESAV oblige la HETSL à revoir sa culture institutionnelle (la Haute école perdra le terme « santé » dans son titre pour devenir une Haute école monofilière) et à gérer scrupuleusement les risques inhérents au transfert.
Dans ce cadre, la HETSL a pour double objectif de tout entreprendre pour garantir à la fois un transfert dans les meilleures conditions pour la filière ER, mais aussi la pleine capacité de développement de la HETSL après ce départ. Pour que ce double objectif puisse être réalisé, tant les coûts du projet, les coûts uniques liés au transfert que les coûts structurels qui incombent durablement à la HETSL, qui n’ont pas été pensés dans le cadre des travaux de mise en route du Campus Santé, devront être pleinement pris en charge par les autorités de tutelle. Il va de soi que le développement d’autres projets d’envergure durant la période 2025-2028 est subordonné à cet objectif principal et aux répercussions financières et institutionnelles de ce dernier.
Néanmoins, la HETSL et son Conseil de fondation saisissent aussi l’opportunité qu’offre ce repositionnement, et ce notamment dans un contexte de pénurie de personnel qualifié dans le secteur social. Cette pénurie est d’ailleurs reconnue par les autorités et objectivée par une récente enquête menée par la HES-SO : 53,2% des institutions ayant répondu à l’enquête rencontrent des difficultés pour recruter du personnel au bénéfice d’un titre HES en travail social. Pour le canton de Vaud, ce pourcentage s’élève à 79,5%. Pour l’année 2022, ce sont 277 postes mis au concours recherchant du personnel HES en travail social qui n’ont pu être repourvus par des personnes au bénéfice d’un tel titre. C’est équivalent au 32% des postes mis au concours par les institutions ayant répondu à l’enquête. Pour le canton de Vaud, ce chiffre s’élève à 152 postes, respectivement 47%. C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet « Nouvelles orientations » de la HETSL, validé par le Conseil de fondation, qui vise notamment l’augmentation des effectifs en Travail social de 80 diplômé·e·s supplémentaires d’ici 2028.
Le fort intérêt de jeunes pour ces métiers (500 candidat·es sont refusé·es chaque année à cause du numérus clausus dans les quatre HETS de la HES-SO) permet d’affirmer qu’une telle augmentation rencontrera assurément son public, tout comme le résultat d’une récente enquête mandatée par la HETSL auprès de ses Alumni qui montrent un réel attachement à des métiers qui donnent du sens et continuent de prouver leur utilité sociale.
L’enjeu majeur consistera donc à maîtriser à la fois le transfert de la filière ER, elle-même en pleine croissance, en même temps que l’augmentation des effectifs pour la filière TS. D’un côté, cela implique une gestion extrêmement minutieuse en termes de personnel, de processus administratifs et d’infrastructures. Tout retard dans les travaux du Campus santé pourrait mettre en péril cette planification. De l’autre, il s’agira d’obtenir le maintien du financement actuel tant au niveau des enveloppes budgétaires HES-SO, en cours de négociation pour la période 2025-2028, que pour la contribution directe du canton. Le projet dit « triangulaire » de coopération universitaire VD-GE, qui a vu en 2001 la stabilisation du budget global de l’UNIL malgré le départ de trois facultés moyennant un engagement formel de cette dernière de développer les pôles de la génomique et des sciences sociales, sert dans ce contexte comme modèle.
Diminué de sa filière ER, la HETSL s’engagera à développer la filière TS et à assumer ainsi de manière renforcée sa responsabilité sociale face aux problèmes de pénurie des professionnel·les du secteur social – pour autant que le canton en garantisse les conditions cadre favorables.
Au nom de la direction,
Alessandro Pelizzari
Directeur de la HETSL